dimanche 29 novembre 2009

Mininova ne sera plus le paradis des pirates ordinaires

Minova venait de "fêter" son dix milliardième téléchargement sous la bannière "pirate". Mais depuis ce vendredi 27 novembre c'est terminé : "J'étais en train de télécharger tranquillement un bon film de Nanni Moretti que je voulais revoir quand tout est tombé en rideau", témoigne fort marri un membre anonyme de ma famille que je ne dénoncerai pas, même sous la torture.  Et pour cause, Mininova a supprimé - d'un coup d'un seul - les millions de fichiers Torrent qu'il proposait jusque-là gratuitement en échange "peer to peer". La page d'accueil du site préféré des téléchargeurs du dimanche affiche désormais un laconique : "From now on, only Content Distribution torrents are allowed"... Traduction en VF, "A partir de maintenant seule la diffusion de contenus autorisés est autorisée". Oui c'est redondant mais c'est comme ça depuis la loi Hadopi ;-)

Mininova, c'était le paradis des "pirates" ordinaires : vous, moi, votre chef au bureau, la fille du voisin, l'étudiant dans sa chambre de bonne...Tout le monde avait tâté un jour ou l'autre du fichier bit torrent gratuit sur ce site illégal. Se faire un film d'horreur ce soir ? Revoir un beau film rare comme "Mourir à 30 ans"(la nostalgie camarade) ou une série TV branchée  genre "Skins" ? Télécharger un vieux Stones (déjà acheté en vinyle) ou découvrir le nouvel album de Placebo (avant de l'acheter...éventuellement) ? Tout était possible depuis l'ouverture de ce site basé aux Pays-Bas en 2005. Y compris les comportements les plus compulsifs, boulimiques, voir débiles en matière de téléchargement...

Dans ces conditions, Mininova avait tout pour devenir le site pirate le plus populaire du moment chez les internautes et le plus impopulaire auprès des Majors du disque et celles d'Hollywood. Rien qu'en août dernier (pas la meilleure période pour les "NoLife" qui bronzent toute l'année devant l'écran), Mininova affichait la bagatelle de 635 millions de pages vues ! Seulement voilà, toutes les "bonnes" choses ont une fin. On ne peut pas mettre à disposition du monde connecté des milliers d'heures de programmes piratés...sans s'exposer à la fermeture automatique des portes. 
 Attendez je vois déjà les zélotes de la Loi Hadopi crier victoire, un grand Cocorico au nom des ayant-droits spoliés de leurs royalties. Mais NON la mise en place chaotique de notre fière "riposte graduée" (qui menace les contrevenants d'une suspension d'accès internet après deux messages d'avertissement) n'est pas pour grand chose dans la capitulation de Mininova. Comme Napster, Kazaa et tous  les autres avant lui, le dernier corsaire en date du "peer to peer" a du baisser pavillon noir sous les salves d'huissiers et les menaces de dommages et intérêts. Suite à une décision du Tribunal d'Utrecht en date du mois d'août, Mininova avait été condamné à payer 5 millions d'euros à Brein, une organisation néerlandaise de défense des droits d'auteur. Somme que les promoteurs du site vivant plus ou moins de la publicité étaient bien incapables de payer...
L’équipe de Mininova explique donc sa capitulation, sans tambours ni trompettes, sur le Blog du site :

"Aujourd'hui est un jour important dans l'histoire de Mininova. A partir de maintenant, nous limitons Mininova.org à notre service de distribution de contenu. Ce faisant, nous nous conformons à la décision de la Cour d'Utrecht d’août dernier.
Malheureusement, la décision de justice ne nous laisse pas d'autre choix que de mettre notre plate-forme hors ligne, sauf pour le service de distribution de contenu. Selon le verdict, nous devons empêcher l'upload de torrents sur Mininova qui font référence à certains titres ou de titres similaires prospectifs. Nous avons testé certains systèmes de filtrage durant les deux derniers mois, mais nous avons constaté que ce n'est ni techniquement ni fonctionnellement possible d'implémenter un système fiable à 100%. Par conséquent, nous avons décidé que la seule option est d’interdire les liens torrents à partir de maintenant (...).


Comme d'autres avant lui - et sans doute sans plus de succés - Mininova va essayer de trouver un modèle économique dans un cadre légal. Bon courage ! Quant aux pirates, vous, moi (non pas moi ;-) et les autres, ils sont déjà allés voir ailleurs. Dès ce week-end le site TorrentFreak recensait "10 alternatives à Mininova", listant dans l'ordre des sites toujours aussi pirates comme (non non on ne mettra pas les liens c'tillégal) : 

1. Torrentzap 2. Fenopy 3. ExtraTorrent 4. KickassTorrents 5. BTjunkie
6. Mononova (sic) 7. isoHunt 8. YourBitTorrent 9. The PirateBay 
10. ShareReactor 

Bon autant dire que loi Hadopi ou non, le jeu du gendarme et de l'internaute vôôleur est loin, très loin d'être terminé.Il est sans fin. Alors si l'on reparlait de la "licence légale" ? Vous savez cette idée pas si bête consistant à faire payer à tous les détenteurs d'un ordinateur connecté une sorte de "redevance Internet" (comme pour la télé) qui permettrait de télécharger ses artistes préférés en toute légalité tout en rétribuant légitimement les ayant droits... Perso je vote pour, quitte à y associer une taxe sur les profits - très confortables - des fournisseurs d'accès et autres opérateurs télécoms qui ont vendu de l'ADSL haut débit en pagaille en toute connaissance de cause. Cette double contribution permettrait sans doute de financer sans mal la création pour que Vivent les artistes de l'ère numérique !  
Jean-Christophe Féraud

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