jeudi 18 février 2010

"Wired" invente le magazine du futur sur iPad


Depuis mon récent billet apocalyptique sur la fin prochaine de la civilisation de l'imprimé, vous êtes peut-être convaincus, vous aussi, que la dématérialisation de la presse est un phénomène inéluctable sur le plan historique et technologique. Et que l'avenir des journaux se joue en grande partie sur la tablette d'Apple qui sera lancée fin mars. Mais si vous aviez encore quelques doutes à ce sujet, allez donc jeter un oeil sur la démo vraiment bluffante de l'application iPad que le magazine américain "Wired" compte lancer avant l'été.
Rien d'étonnant à ce que "Wired" figure parmi les pionniers de cette future presse 2.0. Depuis sa création en 1993, le titre phare de la cyberculture (qui a été racheté en 2006 par le géant de la presse magazine Conde Nast), s'efforce, comme son nom l'indique, d'anticiper l'avenir de l'humanité connectée. Et aujourd'hui, la Bible des Geeks semble encore avoir un coup d'avance sur le reste de la presse qui s'accroche au papier comme à la barbe de Gutenberg.   Chris Anderson (le gourou high-tech qui fait office de rédacteur en chef de "Wired") et son équipe se sont surpassés : si ce que vous allez voir ci-dessous préfigure vraiment ce que sera "Wired" sur l'iPad, alors j'achète ET la tablette ET le magazine en ligne ! Je suis convaincu que des milliers de lecteurs feront de même sans hésiter, même si l'on connaît pas encore les tarifs d'abonnement (40 $ par an pour le mensuel papier). 
Car plus encore que "Sport Illustrated" ou le" New York Times" qui se préparent eux aussi à embarquer sur l'iPad (voir ici la démo du magazine du groupe Time Inc et celle du quotidien new-yorkais), "Wired", tente d'inventer le magazine "hyper-media" de demain : le lecteur pourra feuilleter les pages d'un glissement de doigt sur l'écran tactile (c'est agréable et ludique à défaut de retrouver la sensation charnelle du papier), zoomer sur un article, mais surtout "rentrer" littéralement dans l'illustration ! Un autre touché du doigt et la photo ou l'infographie s'animent en trois dimensions... Les annonceurs ont déjà compris tout le parti qu'ils pouvaient tirer de cette application en matière de publicité interactive : on peut par exemple "jouer" avec la voiture d'un grand constructeur garée entre deux papiers, en la faisant virer à 360°... 
Vous l'avez compris on n'est pas dans le gadget, l'impression d'ensemble est assez saisissante. Mais le plus simple maintenant est de regarder :

lundi 15 février 2010

Pierre Lazareff sort de ce corps !


Pierre Lazareff sort du corps de ce jeune milliardaire russe ! Le fils d'un oligarque redonnant vie à "France-Soir", un journal mort-vivant depuis deux bonnes décennies ? On n'y croit pas une seconde. En ce début d'année 2010 glacial pour la vieille presse imprimée, le scénario a quelque chose de surréaliste... Et pourtant, à tout juste 25 ans, Alexandre Pougatchev (photo ci-contre) s'est bel et bien mis en tête de relancer l'ex-journal préféré du petit peuple des boulevards, des concierges et chauffeurs de taxis. Devenu propriétaire du titre en janvier 2009 (pour en savoir plus voir ce billet et ce portrait vidéo sur Lesechos.fr), le jeune homme a semble-t-il repris "France-Soir" pour faire plaisir à son père Sergueï Pougatchev...qui voulait rendre service à Vladimir Poutine...lequel voulait lui-même complaire à Nicolas Sarkozy ! Vous avez suivi ? A l'époque, notre cher Président s'était intronisé grand sauveur de la Presse française en organisant les Etats généraux du même nom. Las, "France-Soir" menaçait une nouvelle fois de fermer boutique, ce qui aurait fait un peu désordre. C'est là que les russes Père & fils sont gentiment intervenus en clamant haut et fort leur volonté de ressusciter "le grand journal de Lazareff" (photo de l'illustre fondateur du titre ci-dessous).

Mais qui se souvient aujourd'hui du temps où "France-Soir" était "le seul journal vendu à plus d'1 million d'exemplaires" ? C'était dans les sixties, juste avant que "Le Parisien" trash d'Emilien Amaury ne dépasse "France-Soir" dans la surenchère populiste en surfant sur la grande peur de l'après mai-68. Une autre époque, un autre siècle, celle des rotatives et des vendeurs à la criée... Et voilà qu'au XXIème siècle, au moment précis où la presse se dématérialise inexorablement  sur internet (...où se dématérialise tout court direction le cimetière des éléphants de Gutenberg), on apprend dans "La Correspondance de La Presse" que "le nouveau France-Soir" made in Russia sera en kiosques le 17 mars prochain. Et pas qu'un peu. Le jeune Alexandre n'a pas fait les choses à moitié :

mardi 9 février 2010

Le "data journalism" contre Albert Londres

Avez-vous déjà entendu parler du "data journalism" ("journalisme de données" en version française) ? Non ? Normal. Le sujet agite beaucoup en ce moment les professionnels de la profession, suscite des contributions savantes dans les conférences sur l'avenir de la presse et sur les blogs dédiés, nourrit d'interminables discussions sur Twitter (je me tweet-clashait encore hier gentiment à ce sujet avec mon excellent confrère Eric Mettout de Lexpress.fr)...mais il reste à mon sens fortement éloigné des préoccupations réelles du lecteur. C'est pourtant la dernière tarte à la crème d'un métier en plein questionnement existentiel.
Mais de quoi parle-ton exactement ?
Le "data journalism"est une nouvelle technique journalistique très en vogue chez nos amis anglo-saxons qui consiste à collecter des masses de données complexes (chiffres, statistiques, rapports annuels...) pour en extraire des informations jugées pertinentes avant de les organiser sous la forme de jolis tableaux, graphiques et autres infographies colorées plus ou moins bien commentés... Nos confrères américains et grands-britons ne jurent plus que par cette dérive scientiste qui est un peu au journalisme ce que la police scientifique est à la maison Poulaga. A savoir un truc très efficace à la télé pour résoudre les affaires classées de "NCIS" ou "Portés disparus", mais beaucoup moins dans la vraie vie quand il s'agit d'empêcher un braquage de fourgons blindés au lance-roquette ou une émeute dans les cités...

mercredi 3 février 2010

On achève bien d'imprimer

Les amis de la forêt qui n'ont pas pardonné à Gutenberg l'invention de la presse à imprimer en l'an de grâce 1440 peuvent dire merci à Internet. La révolution numérique est en train de mettre fin à la civilisation du papier en dématérialisant nos échanges à la vitesse de 100 megabits par seconde, bientôt beaucoup plus. Fax, lettres d'amour, cartes postales, déclarations de revenus, livres et journaux imprimés... Avant dix ans, peut-être moins, ces millions de tonnes de paperasse - que l'on s'efforce encore de recycler pour épargner ce qu'il reste de la Selva amazonienne et de nos forêts primaires européennes - seront reléguées au rayon des antiquités. Comme avant elle les tablettes d'argile de Babylone et Sumer, les papyrus des pharaons, et les stelles de marbre gréco-romaines. 
Avec l'incroyable boom des smartphones (Selon  Gartner, 525 millions d'unités seront vendues en 2012, contre 179 millions en 2009 !) et l'avènement de la Sainte Tablette d'Apple (Gfk prévoit que la firme à la pomme devrait écouler 4 millions d'iPad dès cette année), l'humanité va en effet entrer dans l'ère de l'écran tactile portatif omniprésent. Regardez autour de vous : dans le métro, dans la rue, au bureau, le lecteur de "Libé" ou du "Monde" version papier se fait rare et vieillissant. Bientôt je serai le dernier des Mohicans avec quelques autres membres du club des nostalgiques de la presse old school. Résultat, la diffusion des quotidiens s'effrite inexorablement : encore - 3,9 % en 2009 pour l'ensemble des quotidiens nationaux selon les derniers chiffres de l'OJD, avec des pointes à - 10 % pour certains titres. D'ailleurs depuis que j'ai cédé à la pression du progrès et de la conformité, je feuillette plus distraitement mon canard préféré pour tapoter de plus en plus fréquemment sur l'écran de mon iPhone et faire défiler frénétiquement les news et les liens internet. Car comme d'autres confrères mutants, je suis devenu un TweetJournaliste accro à l'internet en temps réel. C'est ainsi...

 Cela fera sans doute de la peine aux amoureux  de la chose imprimée, mais cette dématérialisation de l'écrit est un mouvement inéluctable, l'une de ces révolutions technologiques qui pavent magistralement l'Histoire tous les deux ou trois siècles.