vendredi 30 avril 2010

Don't hate the media, Be the media...Oui mais pas tout seul !


"Ne hais pas les médias, deviens les médias !"...On doit ce slogan coup de poing à Jello Biaffra, chanteur du défunt groupe punk californien Dead Kennedy's et aujourd'hui imprécateur activiste de son état.  Ce "Don't hate the media, become (ou be) the media" reprend aujourd'hui une force  insoupçonnée à la lumière de la révolution numérique. Révolution qui, pour le coup, en est une et pas seulement sur le plan technologique ! Car en permettant à l'individu de devenir un média à lui tout seul et de toucher directement un public avec les blogs, Twitter, et les autres outils de partage "social" de l'information, Internet offre surtout une occasion historique aux journalistes de reprendre en main leur destin. De se réapproprier le journalisme. En évitant au possible l'écueil individualiste et narcissique du "personnal branding". Car si la profession rime souvent avec égo, en matière de presse tout naît et tout renaît paradoxalement du collectif.

samedi 24 avril 2010

Owni, le vaisseau "Enterprise" du journalisme numérique

Quand les vieux médias issus de l'ère Gutenberg sont trop occupés à colmater les brèches pour ne pas couler (fuite des lecteurs, des annonceurs, des talents vers le Web...). Quand ils sont incapables de réfléchir à leur avenir en mode numérique sous la pression des événements qui s'accélèrent et de la pesanteur du passé (la fin de la civilisation du papier)... Et bien le journalisme de demain tâtonne, s'expérimente et s'invente forcément ailleurs : dans les marges informationnelles des blogs et l'avant-garde du Web participatif.  Hier sous l'impulsion d'une première vague de sites d'info hors cadre comme Rue89, Mediapart ou Electron Libre (bravo à ces pionniers qui sont toujours là, trois, quatre ans après, malgré les oiseaux de mauvais augures qui leur prédisaient l'écran noir).
Aujourd'hui chez de nouveaux "pure players" comme Owni dont j'ai envie de vous parler dans ce billet. 
Ce n'est pas moi qui le dit mais le spécialiste américain des médias Clay Shirky, cité par l'excellent site Mediashift : "Quand les écosystèmes changent, quand les institutions s'effondrent, leurs membres se dispersent, abandonnent leurs vieilles croyances, essayent de nouvelles choses, se remettent en question (...). Ce sont les gens qui se demandent comment travailler simplement aujourd'hui bien plus que ceux qui savaient gérer la complexité par le passé qui sont capables d'appréhender le futur".
Parmi ces têtes chercheuses du journalisme numérique en devenir, je citais récemment en exemple Wikileaks : un site spécialisé dans l'investigation sans compromis dont le fonctionnement repose sur le partage de documents sensibles par des journalistes et des citoyens. Mais plus près de nous, il y a donc Owni. Une start-up parisienne (comme on disait il y a dix ans) qui a fait du "Digital journalism" sa profession de foi, en pariant, là aussi, sur une démarche participative désintéressée ("non profit") des journalistes et non-journalistes au service de l'information des citoyens-lecteurs-internautes.

mercredi 21 avril 2010

Evoluer ou disparaître comme des "Newsosaures"


Ce n'est pas un scoop, les journalistes ont tendance à déprimer en ce moment devant le clavier gris sale et l'écran blafard de leur ordinateur. Adieu reportages et longs voyages, notes de frais somptuaires, déjeuners et bouclage bien arrosés...C'est la crise coco ! On compte les crayons, il faut produire de la news en série sur "tous les écrans de votre vie" comme disait le visionnaire Jean-Marie Messier. Sans oublier de sortir le journal papier. Car ces bonnes vieilles rotatives tournent encore pour un lecteur qui se fait rare.
Les rangs sont également de plus en plus clairsemés dans les open space des salles de rédaction. Et ces crève la faim de pigistes sont désormais persona non grata. Alors on s'organise de manière Tayloriste en attendant l'heure des robots-journalistes. C'est le printemps, il fait beau dehors ? Ah bon. Dans les quotidiens parisiens on bronze au néon...pas moyen de prendre le soleil au prétexte de faire un micro-trottoir ou de couvrir une manif (sait-on jamais le joli mois de Mai approche). "On pisse de la copie comme des poulets en batterie", me disait récemment un confrère entre deux cachetons de Guronsan et de Tranxène. Mauvaise mine le confrère. Pas comme les gars de la télé...Mais enlevez leur le maquillage aux hommes troncs et aux super bimbos des chaînes d'info. Et vous verrez : c'est l'Enfer des Zombies cathodiques, comme dans un film de Romero !
La faute à qui tout ça ? "A la crise de la presse et à la concurrence des nouveaux médias numériques", ont répondu en substance 115 confrères exerçant dans 27 pays européens dans le cadre d' une enquête menée par Burson-Marsteller. Tu parles d'une nouvelle. Et d'un échantillon représentatif...Quant au fait que ce sondage soit mené par une agence de relations publiques et bien on dira que c'est assez symptomatique...C'est vrai, la profession n'a jamais été très douée pour l'introspection et l'auto-analyse objective. C'est bien connu les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés.
Mais bon regardons quand même de plus près les résultats de ce nouveau sondage Mediapocalyptique.

mercredi 7 avril 2010

Wikileaks : comme une embuscade dans la jungle de l'info !


 

"Porter la plume dans la plaie"...Entre pression économique, diktat du marketing éditorial et démission déontologique d'une profession éparpillée façon puzzle par la crise de la presse, l'idéal journalistique tel que l'avait défini Albert Londres dans les années 30 est devenu l'exception aujourd'hui. Mais le journalisme d'enquête et d'investigations, de vrais scoops et de révélations - celui que le manifeste de "Libération" définissait en 1973 comme "une embuscade dans la jungle de l'information" - est peut-être en train de renaître "dans ses marges", comme dirait mon confrère blogueur Narvic. Tout comme le Gonzo, ce journalisme de récit hors-cadre cher à Hunter S. Thompson...
Mon optimisme tout relatif à propos de cette renaissance possible du métier dans son expression la plus noble et la plus radicale trouve sa source dans ma découverte - récente je l'avoue - de Wikileaks.org : un site d'information participatif dont la vocation est de diffuser des documents sensibles, top secret, confidentiel défense...généralement refusés par les grands médias qui pratiquent de plus en plus l'autocensure pour des raisons économiques ou politiques.  Depuis 2006, Wikileaks a pris le maquis de l'info en transposant au journalisme d'aujourd'hui la parabole de Mao : comme un poisson dans l'océan numérique du World Wide Web...
Son dernier fait d'armes : la diffusion d'une vidéo titrée "collateral murder" ce lundi 5 avril montrant une effroyable bavure de l'armée américaine en Irak. A savoir l'attaque au canon de 30 mm par deux hélicoptères Apache d'un groupe de civils supposés armés, parmi lesquels figuraient deux employés de l'agence Reuters portant un appareil photo equipé d'un zoom (confondu avec un lance-roquette RPG). Bilan : une dizaine de morts, dont le photographe et son chauffeur. Et deux enfants gravement blessés lors d'un raid visant le véhicule qui portait secours aux civils pris pour des insurgés. Ces images sont terrifiantes, tout comme les commentaires des pilotes.
«Permission d'ouvrir le feu ? Roger»...Après la fusillade, l'un d'eux constate qu'il y a «un tas de cadavres» au sol. «Regarde moi ces pourritures crevées», ajoute-il. «Chouette», réplique son coéquipier. La conversation s'achève ainsi à l'annonce du "body count" fait par les troupes au sol: «ils n'ont qu'à pas emmener leurs gosses au combat»...
Regardez plutôt: