samedi 29 mai 2010

La blogosphère au secours de la vieille presse ?

 (dessin emprunté au "New-Yorker")
Ami Blogueur, tu te sens comme une pauvre particule de plancton flottant anonymement dans un océan informationnel en perpétuelle expansion ? Ami TwitterJunkie, tu uses tes jours et tes nuits à gazouiller de la News en 140 signes pour être à l'avant-garde de l'avant-garde de la révolution journalistique et numérique...et puis un jour tu te demandes : à quoi rime tout cela ? Ce déluge de mots qui s'écoule comme le temps qui passe sur le sablier de ta "time line"... Mais voilà une nouvelle venue d'outre-Atlantique qui aura peut-être pour effet de réinjecter un petit shoot de dopamine dans tes neurones fatigués et de te redonner un peu
d'enthousiasme devant le clavier:
Lancé il y a seulement cinq ans, le HuffingtonPost a fait le pari de s'appuyer sur le meilleur de la blogosphère américaine plutôt que sur une rédaction de journalistes professionnels : il talonne désormais sur internet le "New York Times" avec 12,3 millions de visiteurs uniques aux Etats-Unis contre 13,1 millions pour la "vieille dame grise" (bientôt 160 ans au compteur) ! C'est l'institut Comscore qui a récemment publié ces chiffres pour le mois de mars. Le site fondé par la journaliste politique américaine Ariana Huffington et son confrère Ken Lerer avait déjà coiffé au poteau ce bon vieux "Washington Post" en fin d'année dernière, et devance largement le grand "Wall Street Journal" comme le montre le graphique ci-dessous :

(Source: Comscore)

mercredi 26 mai 2010

La standardisation de l'info va-t-elle tuer le journalisme ?

Aujourd'hui, le journalisme au long cours - celui qui privilégie l'enquête, le récit et de reportage - a bien du mal à exister et à survivre face à la logique productiviste et au diktat du marketing éditorial qui règnent en maîtres dans les rédactions. Si vous êtes déjà venus sur ce blog, vous savez que j'ai en horreur cette "junk news" que l'on produit et que l'on consomme à flux tendu comme de la malbouffe informationnelle. Comme d'autres confrères qui ont connu l'avant "journalisme Shiva", j'aimerais que la presse redonne un peu de temps au temps, privilégie à nouveau la qualité sur la quantité, qu'elle soigne un peu plus la forme et le fond. Sur internet comme sur le papier. Lisez ou relisez ce billet foutraque sur le gonzo-journalisme, ou bien ce plaidoyer pour le journalisme de récit, ou encore cette charge sauvage contre le robot-journalisme ...vous constaterez que je fais une véritable fixette sur le sujet ;-)
C'est sans doute pourquoi la revue Médias [2] m'a récemment demandé de participer à une émission de Web-TV sur le thème "La standardisation de l'information va-t-elle tuer le journalisme d'auteur ?". J'étais d'autant plus heureux (et flatté) de participer à ce débat animé par Robert Ménard quand j'ai su qui étaient les deux autres invités sur le plateau : Pierre Péan, le grand journaliste-enquêteur que l'on ne présente plus, et Jean-Robert Viallet qui a reçu le Prix Albert-Londres pour son excellente trilogie documentaire "La Mise à mort du travail"... Autant dire que je me suis senti un peu léger face à ces deux stars du journalisme français.Mais bon j'espère ne pas avoir trop dit de bêtises. L'émission est en ligne. Commentaires bienvenus !




"Pour une bonne enquête, seul le temps compte, peu le talent" (Pierre Péan)
"Trois semaines d'enquête? Un luxe" (Jean-Christophe Feraud)
"Un scoop ne se cherche pas, il arrive par hasard" (Pierre Péan)
"On est persuadé que les lecteurs veulent du court, c'est faux" (Jean-Robert Viallet)

mardi 11 mai 2010

Le piège tendu par Google à la presse


 

Je vous l'avais annoncé en mars je souhaite ouvrir un peu plus Mon Ecran Radar à des contributions extérieures. Nous avions inauguré cet exercice "open source" avec ma consoeur Solveig Godeluck, qui avait réalisé une interview passionnante de Renaud Chareyre auteur de "Google Spleen".
Le même Renaud Chareyre revient aujourd'hui avec ce nouveau billet à charge contre Google initialement publié sur son blog. Pour lui, la mainmise du géant du Web sur la publicité en ligne risque d'empêcher définitivement la "vieille" presse de trouver un modèle économique viable sur internet. Débat passionné en perspective entre anti-Google et Google-maniacs...

"Presse : embuscade pour un massacre", 
par Renaud Chareyre
Le journalisme de plume, indépendant, le journalisme d'analyse et d'investigation, sans concession, cela devient rare, nous dit-on. Les lignes éditoriales s'étiolent sous le poids du façonnage marketing, de la chute des ventes des éditions papiers, des restrictions de recettes publicitaires, des réductions d'effectifs, des impératifs de rendements... Pour grappiller de l'audience sur tous les écrans, la course à la production impose la tendance d'un reformatage à faible valeur ajoutée des dépêches et des communiqués. La presse écrite assisterait à son propre enterrement, emportée par la vague numérique.
Le 02/04/10 dans "Libération", Laurent Joffrin estimait nécessaire "d'améliorer les comptes des producteurs d'information sur le Net, aujourd'hui pressurés". Il regrettait que "ceux qui transportent les contenus ou qui les agrègent captent l'essentiel du chiffre d'affaires, alors que ceux qui les produisent supportent l'essentiel des coûts". Par un cycle économique infernal, moins de ressources pour les salles de rédaction, c'est moins de moyens pour fidéliser les lectorats, qui se construisent sur la différenciation des supports par leur griffe ou par leur sérieux, et encore et toujours moins de latitude financière...
Pourtant sur Internet, les lecteurs n'ont jamais été aussi nombreux. Et Google n'a jamais été aussi riche. Moins qu'une crise d'audience, la problématique relève donc d'une crise de la monétisation de l'audience. La gratuité qui prévaut sur Internet, largement sous-tendue par l'offre Google, produit des ravages sur les comptes des entreprises de presse et laisse peu d'opportunités aux services payants, en ligne ou hors ligne, candidats à l'information-pas-comme-ailleurs.
Ce modèle omniprésent du gratuit payé par la publicité comporte cependant un paradoxe décisif à éclaircir. Les journalistes sont-ils en effet vraiment mis en situation d'être rétribués selon la qualité de leurs articles, c'est-à-dire sur la base exacte du pouvoir de consommation des lecteurs qu'ils s'emploient à attirer et à fidéliser ? Face à Google, ou même avec Google comme allié, les sites de presse peuvent-ils contrôler, de façon transparente, la monétisation de leurs audiences respectives ? La réponse tient en un seul mot : NON.

samedi 8 mai 2010

Extension du domaine de la Télé-Réalité


"La sexualité est un système de hiérarchie sociale"... Ce théorème Houellebecquien m'est revenu en mémoire tard vendredi soir, lorsque les hasards de la zapette (si si) m'ont fait découvrir "L'Amour est aveugle". Une nouvelle émission signée par le Big-Brother de la télé-réalité Endemol, diffusée - évidemment - sur TF1, la chaîne "du temps de cerveau disponible"...
Je pensais avoir tout vu en matière de spectacle cathodique décérébré, quelque part entre "Le Loft" et "Secret Story". Erreur. Voilà un reality-show qui repousse encore plus loin les limites du genre. En celà qu'il consacre définitivement la séduction sexuelle comme un système de domination ultra-libéral. Avec ses vainqueurs, mâles dominants et maîtresses femmes, beaux et sexy. Et ses vaincus, handicapés affectifs, mal dans leur peau et/ou moches complexés par leurs corps.