samedi 28 mai 2011

Pas d'Internet "civilisé" pour les Barbares de l'Info !

J'ai écrit ce texte un peu barge, ce pronunciamiento gonzo, à la demande de mon camarade blogueur Chacaille. Ce cher Frater Guillaume d'outre-Léman, qui défend la figure du "Moine reporter bénévole", lance avec ses amis suisses une fière Trirème baptisée "Ithaque". Un journal au long cours,  non-profit et citoyen, qui entend aller "moins vite plus loin". Avec de la chair et de l'humanité dedans, du récit, du reportage, des idées et de la BD...Le premier numéro de cet ovni journalistique et littéraire sort des presses. Vous pouvez vous y abonner ici sans peur d'être déçus. C'est beau, c'est gonzo.  Je suis fier d'être de l'aventure ! Voici donc en guise de Teaser ce Manifeste des Barbares de l'Info qui sera en Der du numéro 1 et que je brûlais de publier envers et contre l'Internet "civilisé" (et le journalisme qui va avec). Surtout après la farce grotesque de l'eG8 organisée à Paris par l'Histrion à talonnettes de l'Elysée...
JCF

NOUS SOMMES LES BARBARES DE L'INFO 

Nous sommes les nouveaux Barbares de l'Info. Journalistes renégats et mercenaires du clavier, jeunes forçats du Web et vieux déserteurs du papier, blogueurs sans entraves et citoyens libre-penseurs. Jeunes précaires courant de stages en CDD renouvelables, rédacteurs trentenaires prêts à tout donner mais privés de la carrière qui portait leurs aînés, quadras et quinquas déclassés, trop vieux, trop exigeants, pas assez petits chefs pour trouver notre place dans les usines à produire de l'information low-cost que tendent à devenir les journaux. Nous avons pris le maquis du web et ne croyons plus à la presse telle qu'elle était. C'est décidé: nous ne suivrons plus les règles du jeu des professionnels de la profession...enfin juste ce qu'il faut pour vivre ou survivre de notre métier et fomenter la révolution de l'info ici et maintenant.  Sans trop se prendre trop au sérieux évidemment ;). Ceci est un manifeste gonzo-journalistique inutile mais irrépressible, qui n'engage que ceux qui le suivront à leur manière. Quand ils le pourront où ils le pourront. Mais avec la foi communicative des conquérants d'une nouvelle ère informationnelle.

Pour commencer, nous croyons aux Dieux de l'Information et de la technologie au nom du Libre Partage du savoir. Nous pensons toujours que la compréhension de l'actualité et de l'histoire en train de se faire est un facteur indispensable d'éducation, d'élévation et de progrès. Et que la liberté indéfectible de la presse est l'un des premiers fondements de la démocratie. Nous plaçons la mission d'informer, bien avant le commerce du papier et de la réclame qui dévoient de plus en plus le métier au nom de sa seule survie. Et qu'à ce titre les médias ne sont pas des entreprises comme les autres mais un bien public, qui devrait et pourrait être "non profit" et financé comme tel par l'impôt, le biais de fondations ou la trop vite enterrée "licence globale" (consistant à taxer les opérateurs télécoms faisant juteux commerce des contenus que nous, journalistes et citoyens, produisons). 

vendredi 13 mai 2011

"François Duprat, une histoire de l'extrême-droite": ce webdoc qui va là où la télé ne va pas

Franois Duprat, époque Ordre Nouveau
C’est un temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître. Que ceux qui n’étaient pas nés dans les années 60-70, qui n’ont pas vécu l’onde de choc de l’après-mai 68 ne comprendront sans doute pas ou regarderont d’un œil narquois. Un temps de passion politique extrême où étudiants et lycéens se divisaient en deux camps : fafs contre bolchos, nationalistes et néo-fascistes contre trotskystes et maos, Fac d’Assas contre Sorbonne et Nanterre. Où hordes rouges et noires s’affrontaient, casquées, à coup de barres de fer pour rejouer la révolution russe, la guerre d’Espagne, celle du Vietnam…ou carrément le Front de l’Est. Un temps où l’Internet n’existait pas, où les jeunes n’avaient pas la télé, où la politique se vivait avec les tripes et l’intellect, où l’information et la propagande passaient par la presse, les affiches et les tracts, où le théâtre-monde se résumait au quartier latin. L’Orient était Rouge contre “ O, O, Occident ! ”

jeudi 12 mai 2011

Ils sont We Are Enfant Terrible !

Ils portent bien leur nom. Ils sont lillois. ILs sont chics. Deux garçons et une fille. Clotilde, Cyril and Thomas. Ils chantent en anglais et jouent bien du Bontempi. Quelque part entre le beat robotique du Devo des early eighties, le punk stylisé des Kills, la dance synthétique fluo kids de Hot Chip, leur musique est irrésistible. Elle donne envie de sautiller en l'air en savourant les premiers beaux jours du printemps, le soleil en terrasse et les jolies filles dans la rue...C'est la bande son de nos années numériques. Et mon dernier coup de coeur musical (merci à ma chopine blogueuse Capucine de me les avoir fait découvrir;).
We Are Enfant Terrible (WEAT) sortent un premier album chez Last Gang Records: "Explicit Pictures" qui a été enregistré et mixé...dans le grenier du guitariste du groupe. De retour des Etats-Unis où ils ont joué au festival SXSW en compagnie de groupes comme les Queens of the Stone Age, et ils étaient en concert le 11 mai à La Boule Noire, à Paris. Sur scène ils sont irrésistibles, ils sont furieusement punk et drôles: Clotilde tient la scène comme une diva électro-rock, Cyril tape sur ses fûts comme un automate sous speed et se jette volontiers dans la foule, Thomas déchire des riffs millimétrés à la guitare, tous le monde est aux claviers, boites à rythme et autres engins électroniques. La foule tangue, saute en l'air, monte sur scène, tout le monde a le sourire scotché aux lèvres comme dans les raves d'autrefois...
Energie positive, folie communicative, l'esprit du punk ressuscité à l'ère numérique. Alors Ecoutez. Groovez. Allez faire un tour sur leur site. Enjoy et faites Tourner !

samedi 7 mai 2011

Gloria Journalii ou la figure du moine-reporter bénévole

Mon invité du jour est suisse et aime l'art du contrepied (rien à voir je sais ;). Alors que les blogueurs réclament salaire au même titre que les journalistes envers et contre l'économie de la gratitude - Guillaume Henchoz, plus connu des pratiquants de Twitter sous le pseudonyme de @Chacaille défend lui l'idée que l'on peut pratiquer le journalisme comme un art monastique et bénévole, en parallèle - et non en marge - d'une activité salariée. Cela ne plaira pas forcément aux professionnels de la profession repliés dans un corporatisme qui n'a pas vu venir, avec l'internet, la révolution de l'information par tous et pour tous. Mais Guillaume a la foi communicative et l'enthousiasme des moines-soldats. Enseignant de métier à Lausanne, il est lui même blogueur et rédacteur en chef d' "ITHAQUE", un joli projet de journal associatif animé par des journalistes bénévoles, professionnels ou citoyens, avec du réel, du gonzo et de la BD dedans. Le premier numéro de cette revue journalistique au long cours (quatre numéros par an) qui entend aller "moins vite et plus loin", paraîtra début juin sous la forme d'un beau berlinois de 20 pages papier. J'ai décidé de m'embarquer dans l'aventure en livrant une chronique en forme de charge contre le journalisme "civilisé": "Nous sommes les nouveaux barbares de l'Info". Mettant en application sa conception de l'économie du troc conventuel, Guillaume m'a offert en échange ce billet sur la figure du moine-reporter que vous allez lire et commenter de ce pas !
C’est un petit encadré de rien du tout dans le magazine de l’Association suisse des journalistes (Edito), qui m’a fait d’abord tousser, puis réfléchir. "ITHAQUE", un journal foutraque et gonzo que l’on s'apprête à lancer entre amis (pros ou non), y est épinglé au titre que ses rédacteurs ne sont pas rémunérés. «L’avenir dira si le bénévolat est lucratif pour un journal – pour le métier de journaliste, c’est plutôt la mort!- Et si ça fonctionne longtemps!», conclut l’article. Guts ! Passons rapidement sur le fait qu’une publication qui tire à 3.000 exemplaires quatre fois par an puisse faire tiquer à ce point la profession et concentrons nous sur l’essentiel : derrière cette critique du bénévolat, il y a quelque chose de fondamental. Un vieux réflexe corporatiste qui me froisse horriblement. Parce que je ne me paie pas, je serais donc incapable de produire un travail journalistique de qualité ? Et en prime j'aurais la mort de toute une profession sur le dos ? Passées les premières crispations engendrées par la lecture du petit article, je me suis demandé comment je pouvais illustrer et expliquer simplement mon mode de fonctionnement. C’est ainsi que l’image du moine-reporter m’est apparue. Une vision, quoi.